1/ les bleus

 


                                            " Erothanatos " (30 x30cm) nov 2014

 

" La Poétesse " (60 x 60 cm) avril 2016

 

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             " Hommage I d'après E-Degas " ( mars 2010 ) 65cm x 54cm

 

 

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         " Hommage II d'après Subleyras " ( avr 2010 ) 65cm x 54cm

 

     

 

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" Delta " (avr 2008) 60cm x 60cm

 

 

               Delta :

 -  premier plan : vieux pêcheur enturbanné, pagayant sur une frêle pirogue ; monochromie bleue, mode de vie rude et  ancestral, relations permanentes avec le fleuve ou le lac ...
- partie supérieure : alternance de bleu et de rouge de Venise, fusion et perpétuelle interaction entre l’eau et la terre
- partie gravée sur fond clair : trois types d’embarcations lacustres, d’inspiration asiatique, outil de travail mais aussi mode de déplacement et habitations
- bande verticale accentuant l’idée de faille
- carré central, papier calque : transparence, effet de flou , d’effacement  , effet humide        
- trois petits rectangles dorés : omniprésence de l’eau, hommes sous une pluie battante        

 

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" La mousson " ( mars 2009 ) 50cm x 50cm

 

 

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" Eurydice " (juil 2007) 60cm x 60cm

 

 

Textes de Christine HENNEGUIER


EURYDICE

 1/            Poème en prose à trois voix inspiré par le tableau d’Alain Le Junter : Eurydice
« Eurydice, Eurydice, j’ai perdu mon Eurydice…
Pourquoi ses bras blancs de tragédienne  ne se tendent-ils plus vers moi pour m’embrasser ?
- Entravés par d’invisibles liens , ils sont retenus dans une autre réalité.
Eurydice, Eurydice, j’ai perdu mon Eurydice…
Pourquoi ses yeux ne voient-ils plus les miens  ?
-    Tournés hors de votre monde , ils voient ce que vous voudriez retrouver  là haut, tout là haut  au delà du tableau.
Eurydice, Eurydice, j’ai perdu mon Eurydice…
Pourquoi sa sandale  de Gradiva  ne fait-elle plus voler au vent  la mousseline bleutée de ses voiles plissés ?
-    Sphinx , fantôme statufié par un rêve immémorial d’éternité , prisonnière , agenouillée, elle est la gardienne du Temple. Elle a  perdu la liberté d’errer.
Eurydice, Eurydice…Pourquoi ne puis-je plus toucher la plénitude blanche et sereine de tes formes généreuses , caresser amoureusement la pointe dressée de ton sein?


-    Parce que je fais face. Face à la vague de bleu, face à la vague de feu  qui détruit les couleurs de la vie. J’ignore les hommes recroquevillés qui ont peur de l’Enfer. J’oublie les  hommes accablés qui se glissent au creux de mon ventre bien à l’abri sous mon sein maternel, je ne vois pas leurs têtes voilées, leurs têtes baissées, ta douleur muette de Pieta, la chute des damnés et Caron  le nocher qui me tourne le dos pour mieux les emporter. Vie, vi-o-lence ! Violence du bleu, violence du rouge sur la toile,  je me penche  en avant  et je fais face. Je suis curieuse, je suis d’Ailleurs, je tends le nez. Si on  ne m’avait pas attachée à ce cadre, je serai déjà en train  de mourir dans le rouge, de renaître dans le bleu. Soulève le coin du voile qui me pique le cou au point névralgique du chant et tu me verras sourire et tu m’entendras chanter. Ne crois pas les vieilles légendes dans leurs miniatures dorées !

Ose , ose  me regarder !

2 /        Dans la blancheur sculpturale de ses formes sensuelles, cette Eurydice retenue hors du cadre du tableau par d’invisibles liens offre une première vue de certains caractères typiques  des œuvres d’Alain Le Junter  (qui exercent une étrange fascination  sur ceux qui se laissent prendre à leur mystère) :
d’abord , par la délicatesse bleutée d’un voile de mousseline qui masque le corps d’Eurydice pour mieux le révéler dans la nudité tentatrice d’un genou ou dans la courbe attirante d’un sein ;
puis, au cœur du tableau, par le contraste entre la plénitude tout en rondeur et en muscles de  nus parfaitement classiques et le vide inquiétant de présences fantomatiques dont les drapés masquent le visage ;
enfin par la violence de la vague de bleu, de la vague de feu  qui semble brûler, ronger le tableau pour mieux  le dynamiser et nous inviter à la rêverie et à l’interprétation.
Elle est à la fois menaçante et vivante, cette tâche bleue et rouge. Mais que dit-elle vraiment ? Dit-elle, à regret, la destruction, la mise à mort de la peinture classique si souvent proclamée par certains artistes contemporains ? la disparition de ces légendes antiques, de ces croyances qui furent nôtres et qui sombrent dans l’oubli, faute de transmission ou peut-être de candeur?
Non !
 - Minuscules, posées sur une feuille transparente de papier  de riz, trois petites vignettes dorées à l’or fin attirent notre regard et nous racontent encore et toujours l’histoire ancienne, à la manière naïve d’un conte d’autrefois ou d’une bd d’aujourd’hui :
- Eurydice se baignant dans l’eau  d’un ruisseau au milieu de ses suivantes, Orphée le premier des poètes tenant  sa lyre face à un dieu des Enfers débonnaire dont le Cerbère à trois têtes n’a pas l’air bien méchant et le Regard légendaire, le regard  fatidique qui  sépare à jamais l’amant de la femme aimée.
Comme trois sceaux  appliqués vigoureusement sur un  carré de papier transparent, si fragile qu’il dirige le regard sans le commander, les petites vignettes rappellent l’art des miniaturistes du Moyen-âge nourri de patience et de discrétion. A la verticale apparaît  le sceau du peintre dont une autre série d’œuvres plus anciennes toutes en rouge, noir et or s’intitulait déjà  les riches heures.
Mais le souvenir d’autres artistes hante le tableau d’Alain Le Junter. Cette vague de couleurs pures et de griffures en bleu et rouge va-t-elle engloutir définitivement ces références , ces images en grisaille fondées  sur l’Imitation des anciens et leur ré-interprétation  ?
Non !
Elle les vivifie plutôt  par la menace même qu’elle fait peser sur elles , grâce à  la virtuosité d’une composition qui souligne, d’une ligne oblique, zigzagante et tourmentée, la fragilité de tout ce qui peut disparaître :
Et on voit à nouveau ce qui dormait inconsciemment dans notre mémoire, la chute des damnés inspirée de Michel-Ange, le paysage tourmenté et romantique des gravures de Gustave Doré , la barque de Charon sur le Styx, cette Pieta inversée où le corps d’Eurydice est devenu christique, le cou tendu  d’Orphée aux yeux tournés vers le ciel comme ceux de la femme du Massacre des Innocents de Poussin ou du Guernica de Picasso. Et la force symbolique d’un geste, d’une position soigneusement choisie comme souvent dans l’œuvre de Le Junter , frappe l’imagination et devient suggestive. Ici, les gestes des hommes disent  l’angoisse de la séparation , la douleur de la perte  et demande  pourquoi .
Mais , débordant le cadre droit du tableau, Eurydice, sculpturale dans sa blancheur s’impose à l’oeil. De profil, elle fait face. La vague , la tâche abstraite qui porte si souvent  la rêverie surréaliste et  figurative du peintre dans ses œuvres , la fera-t-elle renaître comme Vénus des eaux? Pourquoi pas ? Puisque personne ne peut voir ce qu’elle voit dans l’au-delà du tableau, puisque personne jamais ne pourra croiser son regard.

 

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" A fleur de peau " ( mai 2007 ) 60cm x 60cm

 

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" La grande baigneuse " ( juin 2007 ) 60cm x 60cm

 

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" Mirage " (août 2007)  50cm x 50cm

 

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" Corps à corps " ( janv. 2010)  40cm x 40cm

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